La capacité d’autofinancement (CAF) : définition et calcul

Mercredi 23 mars 2022 4 minutes

La capacité d’autofinancement ou CAF représente des ressources internes qui sont générées par l’exploitation courante d’une entreprise. Elle permet notamment d’assurer l’autofinancement d’une entreprise. La capacité d’autofinancement permet de savoir pour une entreprise si elle aura besoin ou non de s’aider de ressources extérieures (emprunts, apports en capital) pour assurer ses financements et fonctionner normalement. C’est un indicateur clé que vous devez nécessairement connaitre et qui vous permettra d’évaluer la rentabilité de votre modèle économique.

Mais qu’est-ce que plus précisément la capacité d’autofinancement ? Quelle est l’intérêt de calculer la capacité d’autofinancement ? Et quels sont les autres indicateurs qu’on peut calculer à partir de la CAF ? On vous dit tout dans cet article ! 😉

Capacité d’autofinancement définition

Ce qu’il faut comprendre avant tout c’est que pour qu’une entreprise puisse faire face à ses dettes et se développer, elle a nécessairement besoin de financement. Pour financer ses besoins, une entreprise peut compter sur différents types de ressources. On va ainsi distinguer les ressources externes des ressources internes. Comme ressources externes, on a par exemple les augmentations de capital par apports des associés, les emprunts auprès de banques ou autres prêteurs et les subventions d’investissements de l’État. Comme ressources internes, on trouvera la capacité d’autofinancement (CAF).

La capacité d’autofinancement représente un excédent de ressources (ou excédent de trésorerie) dégagé par l’activité d’une entreprise sur l’exercice. En d’autres termes, elle constitue la richesse crée par la différence entre les produits encaissés et les charges décaissées. La capacité d’autofinancement est destinée à assurer l’autofinancement d’une entreprise. Elle permet notamment :

  • De rémunérer les associés ou actionnaires par le biais de dividendes
  • De financer les investissements
  • De rembourser les emprunts et les dettes financières
  • D’augmenter le fonds de roulement
  • De couvrir les pertes probables et les risques
  • D’épargner

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La capacité d’autofinancement correspond à une trésorerie potentielle et non réelle car en fait elle ne prend pas compte les décalages de paiement. La capacité d’autofinancement correspond donc à la trésorerie que l’on aurait à la clôture d’un exercice si au début de l’exercice comptable, le montant de la trésorerie était nul, si toutes les recettes étaient tout de suite encaissées et les dépenses payées immédiatement et si au cours de l’exercice, on ne constatait ni investissement, ni cession d’immobilisation, ni mouvement d’emprunt.

Grossièrement, on pourrait définir la capacité d’autofinancement comme étant le cash dégagé au cours d’une année.

Quelle est l’utilité de calculer la capacité d’autofinancement ?

Le calcul de la capacité d’autofinancement permet en fait de déterminer la trésorerie potentielle que génère l’entreprise pour assurer son activité, se développer et financer plusieurs éléments (comme les investissements et acquisitions d’immobilisations, le remboursement des emprunts, le paiement des dettes fournisseurs, fiscales et sociales ainsi que les dividendes versés aux associés.)

De manière générale, la capacité d’autofinancement permet d’évaluer la situation financière d’une entreprise. Comparer son évolution sur plusieurs exercices apporte de grandes informations à propos de la santé financière d’une entreprise et du bon fonctionnement de son modèle économique. Une baisse régulière de la capacité d’autofinancement traduit une situation qui se dégrade de plus en plus et un risque financier qui s’intensifie.

De plus, à partir de la CAF on va pouvoir calculer d’autres ratios comme la capacité de remboursement des dettes. Ce genre de ratios sera sérieusement étudié par vos banquiers et autres financeurs lorsque vous voudrez faire de nouveaux emprunts. Ils évalueront à partir de la CAF votre capacité maximale d’endettement et regarderont quelles parts de dettes votre capacité d’autofinancement est capable de couvrir.

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⚠️ Remarques : Même dans le cas où l’entreprise réalise un résultat négatif, elle peut quand même dégager une capacité d’autofinancement.

Comment calculer la capacité d’autofinancement ?

La capacité d’autofinancement peut se calculer de deux manières différentes. On peut soit la calculer à partir de l’Excédent Brut d’exploitation (EBE), soit à partir du compte de résultat. Mais avant de se pencher plus en détails sur ces deux méthodes de calcul, il est nécessaire de bien comprendre la différence entre les charges décaissables et les charges non décaissables ainsi qu’entre les produits encaissables et les produits non encaissables.

Différence entre charges décaissables et charges non décaissables

Les charges décaissables sont des charges qui entrainent des dépenses (achats, charges externes, charges de personnel). Au contraire, les charges non décaissables sont des charges calculées qui n’entrainent pas de dépenses (dotations aux amortissements, pour dépréciations et aux provisions et valeur comptable des éléments d’actif cédés).

Différence entre produits encaissables et produits non encaissables

Les produits encaissables sont des produits qui génèrent des recettes (chiffre d’affaires, revenus financiers, ...). Les produits non encaissables sont des produits calculés qui ne génèrent pas de recettes (reprises sur amortissements, sur dépréciations et sur provisions, quote-part de subventions d’investissement virées au résultat).

C’est important de bien comprendre ces différences. Le calcul de la capacité d’autofinancement se base d’ailleurs sur ces notions-là puisque l’on a par définition :

CAF = Produits encaissables – Charges décaissables

Néanmoins, ce calcul qui s’inspire directement de la définition de la CAF n’est pas pratique. On va donc calculer la capacité d’autofinancement soit à partir de l’excédent brut d’exploitation (méthode soustractive) soit à partir du résultat net (méthode additive).

Calcul de la capacité d’autofinancement à partir de l’EBE

On peut calculer la capacité d’autofinancement à partir de l’excédent brut d’exploitation (EBE). Pour rappel, l’EBE est un indicateur que l’on va trouver dans les soldes intermédiaires de gestion (SIG). L’excédent brut d’exploitation contribue à la formation de la capacité d’autofinancement car il se calcule en faisant la différence entre des produits encaissables et des charges décaissables. On a :

CAF = EBE + Autres produits encaissables - Autres charges décaissables

Avec :

Autres produits encaissables = tous les produits encaissés ou à encaisser qui ne sont pas compris dans le calcul de l’EBE (comme les produits financiers ou exceptionnels), sauf les produits des cessions d’éléments d’actifs.

Autres charges décaissables = toutes les charges décaissées ou à décaisser qui ne sont pas déjà compris dans le calcul de l’EBE (comme les intérêts bancaires, les comptes courants d’associés, les pénalités, les amendes, etc.).

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Calcul de la capacité d’autofinancement à partir du résultat net

On peut aussi calculer la capacité d’autofinancement à partir du résultat net. Le résultat net apparait dans le compte de résultat. C’est la méthode la plus rapide mais elle moins intuitive que celle avec l’EBE.

CAF = Résultat net de l’exercice + Charges non décaissables – Produits non encaissables + Valeur comptable des éléments d’actifs cédés – Produits de cession des éléments d’actifs cédés.

Avec :

Produits non encaissables = tous les produits qui ne se traduisent pas par une rentrée de trésorerie (comme les reprises de provisions ou d’amortissement ou encore les quotes-parts des subventions d’investissement virées au compte de résultat).

Charges non décaissables = toutes les charges qui ne se traduisent pas par une sortie de trésorerie (comme les provisions et les dotations aux amortissements).

👉 Petit rappel sur la valeur comptable des éléments d’actifs cédés et les produits de cession des éléments d’actifs cédés :

Lorsqu’une immobilisation est cédée, ou sortie de l’actif car elle n’est plus utilisée, l’entreprise doit procéder à deux types de comptabilisation : la constatation de la sortie de l’immobilisation de l’actif et la constatation du produit de cession.

Pour la constatation de la sortie de l’immobilisation de l’actif, la cession de l’immobilisation entraine une diminution du patrimoine de l’entreprise. Cette diminution est enregistrée dans le compte « Valeur comptable des éléments d’actifs cédés ».

Pour la constatation du produit de cession, la cession de l’immobilisation constitue pour l’entreprise un produit exceptionnel qui est comptabilisé dans le compte « Produits de cessions d’éléments d’actifs cédés ».

Comment interpréter une capacité d’autofinancement positive ou négative ?

Une capacité d’autofinancement positive signifie que vous générez une trésorerie que vous pouvez utiliser pour votre développement ou pour financer des investissements ou emprunts.

Une capacité d’autofinancement négative signifie que vous n’avez pas dégagé de trésorerie au cours de l’exercice. Une capacité d’autofinancement négative reflète une situation critique qui peut vous mener à la faillite et qu’il faut donc considérer et arranger au plus vite. Vous devrez sûrement faire appel à des financements externes comme des apports en compte courant d’associés ou des emprunts bancaires.

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Quel est l’intérêt d’augmenter sa capacité d’autofinancement ?

👉 Plus votre capacité d’autofinancement sera élevée, plus vous aurez un meilleur pouvoir de négociation et plus vos banquiers et investisseurs seront confiants. Il faut avouer que les conditions d’un emprunt ou d’un investissement vont varier selon que vous ayez une capacité d’autofinancement plus ou moins élevée.

Avoir une capacité d’autofinancement importante permet également de mieux supporter le poids des dettes et des charges financières de l’entreprise.

Mais alors, comment augmenter sa capacité d’autofinancement ?

Pour augmenter la capacité d’autofinancement, il faut augmenter les encaissements. Pour ce faire, vous pouvez par exemple augmenter vos prix de vente, tant que cette augmentation n’impacte pas trop le portefeuille de vos clients bien sûr. Vous pouvez aussi lancer un nouveau produit plus rentable par exemple.

Vous pouvez aussi diminuer les charges décaissables comme les charges fixes ou les charges financières. Cela vous permet d’améliorer votre marge brute et par la suite, votre capacité d’autofinancement. Mais ne cherchez pas foncièrement à diminuer vos charges d’exploitation, cela pourrait potentiellement nuire à la qualité de vos produits ou de vos services.

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Capacité d’autofinancement et Cash-flow : quelle différence ?

Attention à ne pas confondre la capacité d’autofinancement avec le Cash-flow. La Capacité d'autofinancement est une trésorerie potentielle qui suppose que les encaissements et décaissements sont déjà effectifs. Au contraire, la cash-flow correspond à une trésorerie réelle où les encaissements et les décaissements ne sont pris en compte qu’une fois qu’ils sont réellement effectués.

Un banquier regardera plus la capacité d’autofinancement (afin de juger la capacité de remboursement) tandis qu’un investisseur s’intéressera davantage au cash-flow (afin d’évaluer la capacité à générer de l’argent pour verser les dividendes et rembourser les emprunts).

Un lien existe entre la capacité d’autofinancement et le cash-flow : c’est le BFR. Le BFR correspond à un besoin de trésorerie nécessaire pour financer l’exploitation d’une entreprise. On a en fait que le BFR correspond à la différence entre la capacité d'autofinancement et le cash-flow.

Capacité d'autofinancement et résultat : quelle différence ?

Contrairement à la capacité d’autofinancement, le résultat prend en compte des décaissements qui ne sont pas des flux financiers réels (comme les dotations aux amortissements par exemple) mais qui écarte par contre certains flux financiers réels (comme le remboursement d’un emprunt). Le résultat ne reflète donc pas, contrairement à la capacité d'autofinancement, la richesse véritablement crée par l’entreprise.

Qu’est-ce que l’autofinancement ?

L’autofinancement correspond à la part de la capacité d’autofinancement qui restera à la disposition de l’entreprise pour être réinvestie. L’autre part de la capacité d'autofinancement est destinée aux dividendes pour les actionnaires et/ou associés. On a en fait l’égalité suivante :

Capacité d’autofinancement = Autofinancement – Dividendes payés

Ici, les dividendes payés correspondent à la rémunération des associés. L’autofinancement est donc ce qui va permettre à l’entreprise de financer par elle-même des investissements, le remboursement des emprunts et l’augmentation du fonds de roulement (FDR).

👉 Il ne faut pas sous-estimer la part de capacité d'autofinancement destinée au versement des dividendes lorsque l’entreprise accueille des investisseurs. Les investisseurs peuvent avoir une forte influence en ce qui concerne la distribution des dividendes chaque année. Cela peut alors réduire la part de capacité d'autofinancement dédiée à l’autofinancement.

L’autofinancement se compose entre autres de :

  • Bénéfices non distribués qui constituent des réserves et qui permettent d’augmenter le patrimoine et le niveau de production. On parle alors d’autofinancement d’expansion.
  • Dotations et/ou reprises (aux amortissements, dépréciations et provisions) qui constituent des charges non décaissées et qui permettent de conserver le patrimoine et le niveau d’activité. On parle alors d’autofinancement de maintien.

L’autofinancement de maintien est indispensable à la bonne gestion de l’entreprise. L’autofinancement d’expansion, lui, ne l’est pas en soi. Il présente des avantages mais aussi des inconvénients :

  • L’autofinancement d’expansion présente l’avantage qu’il constitue une ressource de financement générée régulièrement par l’entreprise. De plus, c’est une ressource de financement qui n’entraînent pas de paiement d’intérêts.
  • Néanmoins, un autofinancement d’expansion excessif peut détourner les associés de l’entreprise faute de rémunération suffisante. Si l’autofinancement représente une partie trop importante des moyens de financement, il peut entrainer un ralentissement dans le développement de l’entreprise et mettre en cause sa compétitivité face à la concurrence.

Les ratios en lien avec la capacité d’autofinancement

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Le calcul de la capacité d’autofinancement permet par la suite de calculer quatre autres principaux ratios qui sont :

  • La rentabilité de l’activité

Ce ratio mesure la part de chiffre d’affaires consacrée à la création de ressources internes qui assurent le financement de l’entreprise.
On a :

Rentabilité de l’activité = CAF / Chiffre d’affaires HT

A titre d’exemple, un ratio de 40% indique que pour 100€ de chiffre d’affaires, l’entreprise génère 40€ de ressources internes pour assurer son financement.

  • La répartition de la valeur ajoutée

Ce ratio mesure la part de valeur ajoutée consacrée à l’autofinancement. On a :

Répartition de la valeur ajoutée = Autofinancement / Valeur ajoutée

  • La capacité d’endettement

La capacité d’endettement mesure tout simplement l’endettement de l’entreprise. Ce ratio ne doit pas excéder trois fois (au maximum quatre) la capacité d’autofinancement. Il se calcule comme suit :

Capacité d’endettement = Dettes financières / CAF

  • La capacité de remboursement

La capacité de remboursement mesure la capacité d’une entreprise à rembourser ses emprunts et ses dettes financières. Ce ratio doit être nécessairement inférieur à 50%.

On a :

Capacité de remboursement = Remboursement / CAF

Exemple de calcul de la capacité d’autofinancement

Exemple de compte de résultat de la société X au 21/12/N

Charges Montant Produits Montant
Charges d’exploitation Produits d’exploitation
Achat de matières premières 15 000 Production vendue 37 000
Autres chats et charges externes 3 800 Reprise sur provision 0
Impôts et taxes 980
Charges de personnel 14 000
Dotations aux amortissements et provisions 1 800
Charges financières Produits financiers 0
Charges d’intérêts 180
Charges exceptionnelles Produits exceptionnels
Amendes 10 Produits de cession des éléments d’actifs 150
Impôts sur les bénéfices 300
TOTAL CHARGES 36 070 TOTAL PRODUITS 37 150
Bénéfice 1 080 Perte
TOTAL GÉNÉRALE 37 150 TOTAL GÉNÉRALE 37 150

👉 Calcul de la CAF à partir du résultat net :

CAF Montant
Résultat net 1 080
(+) Dotations 1 080
(-) Reprises 0
(-) Produits de cession des éléments d’actif -150
(+) Valeur comptable des éléments d’actifs cédés 0
(-) Quote part des subventions
CAF 2 730

Source : GeresoBlog

Pour résumer

La capacité d’autofinancement (CAF) correspond à une trésorerie potentielle dégagée par l’activité d’une entreprise. Cette trésorerie permet de financier plusieurs éléments de l’entreprise qui assurent son développement comme les investissements ou les emprunts. Calculer la capacité d’autofinancement permet ainsi de déterminer l’indépendance financière d’une entreprise et indique la santé financière d’une entreprise. C’est un indicateur clé à surveiller régulièrement car elle indique la trésorerie que vous dégagez de votre activité et donc votre capacité à vous autofinancer.

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Par Lucie Brunel, Content Manager
Publié le Mercredi 23 mars 2022

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